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Secteur de l’Energie et de l’Eau : La Ministre en rupture de ban avec des collaborateurs.

Des travailleurs en rogne contre ses méthodes jugées cavalières, des cadres au bord de la démission… La gouvernance de la ministre de l’Energie et de l’Eau, Mme Bintou Camara, dépasse l’entendement. Au point que tout semble galvaudé. Du coup, des collaborateurs souhaitent le voir ailleurs qu’à la tête du département.

La crise énergétique au Mali ne finit pas de faire des vagues. Après avoir tenté plusieurs solutions sans succès, la Ministre de l’Énergie et de l’Eau serait devenue cholérique. Elle s’en prendrait à beaucoup de ses collaborateurs qu’elle soupçonne de vouloir son poste ou de mettre des bâtons dans ses roues.

« La nomination de Mme Bintou Camara à la tête du ministère de l’Energie et de l’Eau, n’a rien apporté en terme de changement. Et le hic, c’est que sa méthode a provoqué un dysfonctionnement total. A son arrivée, on pensait qu’elle était la dame de la situation. Mais c’est le contraire qu’elle nous a montré. Pire, les vieilles habitudes sont revenues au galop ». C’est ainsi qu’un, collaborateur de la ministre, au bord de la crise de nerf, décrit le fonctionnement actuel de son département.

Et son collègue assis à ses côtés renchérit : « Aujourd’hui, la plupart des responsables des démembrements du ministère n’ont plus le cœur à la tâche. Nous avons même honte de dire que nous sommes des travailleurs du ministère de l’Energie et de l’Eau. Tellement que notre ministre est loin de combler les attentes ». Et de conclure d’un air dégoûté : « Tout ce que nous demandons aux autorités de la transition, c’est de nous débarrasser de notre ministre devenue subitement encombrant ».

Témoignages bouleversants

A en croire nos sources, chaque jour apporte dans ce département son lot d’actes spectaculaires, de méthodes jusque-là inconnues. D’où la grogne des uns et la décision des autres, pour la plupart des cadres, de démissionner. En bloc !

Nos sources précisent qu’une fois Mme le ministre installé, ces collaborateurs ont vite déchanté : « Pourtant, quand elle a été nommée, on était fiers, car on pensait qu’elle était la dame de la situation, compte tenu de sa rigueur au travail. Mais c’est le contraire qu’il nous a montré. Résultat : le désordre s’installe ».

Aujourd’hui, tout n’est pas rose au Ministère de l’Energie et de l’Eau. La ministre Mme Bintou Camara, expliquent nos interlocuteurs, ferait preuve d’une arrogance vis-à-vis de ses collègues. Pire, ajoutent nos sources, elle a transformé l’ambiance conviviale et collégiale qui régnait au sein du département et ses démembrements en une atmosphère de suspicion et de méfiance. Et le hic qui fait tilt, c’est qu’elle tient à avoir l’œil sur tout ce qui passe. Pour cette raison, elle s’accaparerait les prérogatives de ses subalternes. Du moins, si l’on en croit les témoignages.

La ministre Madame Bintou Camara est sans doute la doyenne d’âge du gouvernement. Elle a hérité du ministère de l’Energie et de l’Eau lors du dernier remaniement ministériel. Depuis qu’elle a pris les rênes de ce département, aucune solution n’a pu être trouvée à la crise énergétique que vit le Mali depuis deux ans. Elle a fait beaucoup de communications sur cette crise. Parmi celles-ci, l’opinion a le plus retenu la question de carburant.

D’ailleurs, c’est elle même, qui, dans un entretien accordé au journal télévisé de 20h de l’Ortm de l’année dernière, a été la première à évoquer cette question de vol de carburant destiné aux groupes électrogènes de la société EDM-SA.  Ce jour-là, Mme Bintou Camara a été chaleureusement applaudie par les populations qui voyaient en elle un espoir de résolution de la crise énergétique.  Hélas ! Ce n’était que de la poudre aux yeux des maliens.

Aujourd’hui, la ministre Bintou Camara ne fait qu’accumuler échec sur échec. Pour cacher ces revers, elle aurait interdit à quiconque sous sa tutelle de faire une communication. Plus grave, elle n’adresserait plus la parole à certains proches collaborateurs et des responsables de services centraux sous sa tutelle (on en citera nommément au moment opportun) depuis plus de deux mois, d’après nos sources. Si cette situation perdure, l’Etat risque de perdre pour son projet d’électrification rurale, un financement américain de 180 milliards de nos francs. La signature des documents par Mme la ministre tarde et le temps passe.

Et pour protester contre les méthodes de la « cheftaine » du département de l’Energie et de l’Eau, jugées cavalières, une collaboratrice directe chargée de la communication du département et dont les compétences ne souffrent d’aucun doute, aurait démissionné pour incompatibilité d’humeur avec la ministre. En bloc, elles se voyaient dans l’impossibilité de travailler dans une telle pagaille. Et ce n’est pas tout. Loin s’en faut.

Un paradoxe

A en croire nos sources, rien ne va aujourd’hui au ministère de l’Energie et de l’Eau. Selon les témoignages, la ministre Mme Bintou Camara ne fait pas dans la dentelle. Elle déciderait de tout et toute seule et n’écoute personne, même ses collaborateurs. Pire, il n’y a plus de méthode de travail, plus de concertation autour des dossiers délicats. En somme, l’anarchie s’est emparée du département.

Cette description de Mme Bintou Camara par ses collaborateurs jure avec sa franchise. Expert-comptable et ancienne Directrice de cabinet de ce département sous sa tutelle, Mme Bintou Camara était conseillère spéciale du Président de la transition, jusqu’à sa nomination à ce poste de ministre de l’Energie et de l’Eau.

Réputée pour son franc-parler, intègre et cultivée, elle n’hésite pas, chaque fois qu’elle en a l’occasion, à fustiger le dysfonctionnement de notre système de gouvernance énergétique et à assener ses quatre vérités. Même quand ça fait mal. C’est pourquoi nous avons tenté de la rencontrer. Mais ce fut peine perdu. Que se reproche-t-elle au juste ?

 

Mariam Konaré

Source : Le Nouveau Réveil

 

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