Moussa Mara : « Il faut envisager la fin de la transition dans l’intérêt supérieur des autorités »
Devant un parterre de journalistes et ses partisans, l’ancien premier ministre et candidat déclaré du parti Yelema à la future élection présidentielle, Moussa Mara, a dressé un tableau sombre de la situation politique du Mali. Laquelle, selon ses propos, l’étouffement des voix discordantes, une insécurité grandissante et une crise énergétique qui plonge le pays dans une récession économique sans précédent.
C’est un Moussa Mara incompris par les autorités de son pays, malgré ces nombreuses sorties médiatiques, qui s’est présenté devant la presse. L’année dernière comme cette année, il en appelle aux autorités à créer un consensus qui réunira toutes les forces vives du pays afin qu’elles se consacrent aux missions d’un pouvoir transitoire. Moussa Mara affirme que les autorités militaires se sont déviées de leur mission première pour se donner les attributs d’un pouvoir normalement élu. «Si les autorités s’inscrivent dans la logique d’un pouvoir élu, le peuple va leur demander des comptes », a déclaré le candidat déclaré du parti Yelema à la future élection présidentielle. Dans la foulée, il a déploré le prolongement sans fin de la transition. « Notre transition est arrivée à un moment où il faut envisager sa fermeture», a appelé le conférencier, soulignant que les autorités ont intérêt à comprendre cette situation.
Devant la presse, il décrit un tableau sombre de la situation politique du pays marquée par l’étouffement des voix oppositionnelles et la violation des libertés fondamentales. « Quand on gère un pays, il ne faut pas essayer d’étouffer les voix discordantes. Ceux qui vous applaudissent sont les premiers à vous critiquer quand ça tourne mal », a conseillé l’ancien Premier ministre, ajoutant que « les gens ont peur de s’exprimer individuellement ». Sans langue de bois, il a dénoncé la répression contre les acteurs politiques et l’interdiction des activités politiques pendant une grande partie de l’année 2024. « Nous avons eu pour la première la suspension des activités politiques avec des leaders politiques arrêtés. Même s’ils sont libérés cela ne change en rien ce qui s’est passé“, a-t-il mis en garde.
« L’insécurité du pays est préoccupante »
Le dialogue inter malien a été dévié de sa substance pour arriver à des conclusions pour finalement arriver à des conclusions qui n’ont rien avoir avec la paix et le fondement du dialogue lui-même. L’idée, selon Moussa Mara, était de parler avec ceux qui sont des facteurs d’insécurité. Il accuse les autorités de la transition d’avoir assimilé les acteurs des groupes rebelles à des terroristes. « Je suis étonné de voir que nos autorités sont dans une attitude guerrière qui consiste à assimiler tous ceux qui sont sur le terrain comme des terroristes », a déclaré Moussa Mara, qui compare cette stratégie des autorités maliennes à celles de l’armée française qui, selon lui, s’est avérée inefficace après huit ans de présence militaire au Mali.
Déplorant l’inefficacité de l’attitude guerrière des autorités, il a soutenu que l’insécurité au Mali est à un nouveau préoccupant. « Le pavillon présidentiel de l’aéroport de Bamako a été attaqué le 17 septembre par les terroristes », a rappelé l’ex-premier ministre comme preuve de l’insécurité, en insistant sur les récentes attaques qui sont intervenues dans la ville de Nioro du Sahel. Et Moussa Mara de poursuivre en dévoilant ses recettes pour le retour du pays, lesquelles, selon lui, passe nécessairement par la paix. « Tuez ! Tuez ! N’amènera que l’insécurité », a prévenu Moussa Mara , exhortant les autorités à combattre le terrorisme avec intelligence et non avec les armes même s’il admet que les armes ont une place dans la lutte. En continuant dans cette direction, analyse l’ex-chef du gouvernement, les même causes conduiront aux mêmes conséquences avec la dégradation continuelle de la situation sécuritaire.
Crise économique
Pour Moussa Mara, la situation du pays est catastrophique aussi bien sur le plan sécuritaire et économique. La crise économique, selon lui, est accentuée par l’absence de fourniture suffisante de l’énergie. « Cette crise a fait perdre au Mali des milliards et des milliers d’opportunités économiques », a déploré l’ex-premier ministre, qui reste pessimiste sur la résolution de la crise de l’energie. « Ceux qui ont bien écouté le chef de l’Etat le 31 décembre et le lundi dernier savent que la crise énergétique est loin d’être résolue », a martelé, informant que « tous les opérateurs économiques significatifs du pays ont quitté aujourd’hui par manque de perspective, de sécurité judiciaire. « Des maliens ont fait le pari de quitter leur pays », déplore Moussa Mara.
Source: Maliweb